II) Création de personnages :
La création de personnage est une étape clé du jeu de rôles. Pour le joueur, elle est encore plus importante que l’écriture du scénario pour le maître du jeu. En effet, si de bons personnages joueurs peuvent d’eux-mêmes provoquer de bons scénarii par leurs interactions avec les personnages non joueurs, leurs façons de voir le monde, ou simplement leurs backgrounds. Un mauvais personnage sera toujours un handicap. L’intérêt du jeu de rôles est de pouvoir incarner un être avec ses particularités, et sa vie propre. Votre personnage doit donc être autre chose qu’une somme de caractéristiques, il doit avoir : une vie, une personnalité, bref tout ce qui fera de lui un être à part et qui le différenciera des autres sans même que vous ayez besoin de recourir à des tirages. Dans Théorem, tous les personnages ont la particularité d’être des Existants, c’est ce qui explique la maîtrise des joueurs sur le monde qui les entoure.Ce point n’influencera toutefois pas forcément la création du personnage car lorsque vous commencerez à jouer votre personnage n’est pas sensé savoir qu’il est un Existant.
Créer un personnage dans Théorem passe par 6 étapes :
- Le concept :
- Les sphères :
- La réalité :
- La personnalité :
- Les compétences :
- Les finitions :
a) Le concept
Pour créer un personnage, l’idéal serait que dés le début, vous écriviez son histoire. Trois points cruciaux pour cela, il faut savoir :
- D’où vient votre personnage.
- Où il en est au moment où vous commencez à jouer.
- Où il va.
Bien entendu, le « où il va » n’est qu’une hypothèse, c’est un but, un idéal, qui se concrétisera ou pas, selon l’impact qu’auront les parties sur votre personnage. Une fois que ces trois points sont définis, vous avez en votre possession de nombreuses informations sur votre personnage, et celles-ci vous aideront à déterminer : sphères, age, avantages et handicaps.
Il n’est pas toujours évident d’inventer un personnage de toutes pièces, nombreuses personnes dont c’est le travail n’y arrivent pas forcément, il faut parfois recourir à des solutions de facilité. Dans le cas où cela vous paraîtrait trop difficile, vous pouvez donc tout simplement utiliser un personnage déjà existant. Littérature, télévision, cinéma et bandes dessinées, regorgent de personnages prêts à l’emploi. Il vous suffira juste de faire quelques modifications pour vous approprier ces personnages. Par exemple, pourquoi ne pas jouer une jeune chasseuse de démon du nom de Diane, torturé par l’échec de la relation de ses parents, et que son engagement empêche de nouer des relations avec autrui. Ou encore : un agent de police obsédé par la disparition de sa sœur, au point de vouloir résoudre toutes les affaires un peu bizarres dans l’espoir de la retrouver. Les exemples ne manquent pas, et même s’il est souvent plus intéressant de créer soi-même entièrement son personnage, l’inspiration n’est pas interdite, et au contraire souvent conseillée.
Dans la création de votre personnage pour Théorem, il n’y a que trois limitations. La première tient au fait que ce soit un jeu contemporain, et que donc votre personnage aussi doit être contemporain.
Les deux autres sont donc que : votre personnage doit avoir une enveloppe corporelle humaine, et doit être sociabilisé (c’est-à-dire avoir des contacts avec le monde normal, ne serait ce que devoir sortir pour aller manger). Ces deux règles tiennent à un point de vue de jouabilité, votre Maître de Ka peut les contourner, s’il s’en sent capable, mais je pense qu’il vaut mieux éviter.
Pourquoi ces règles ? ?
Tout simplement, parce que Théorem est un jeu qui joue beaucoup sur le social, sur les confréries qui vous entourent, sur les gens comme vous et moi, et sur l’impact que peut avoir une société secrète sur vous. Par conséquent, si vous jouez un fantôme qui ne bouge jamais de sa caverne perdue au fin fond du désert de Gobi, votre intérêt pour le jeu devient tout de suite moindre, même si un Maître de Ka pourra toujours trouver un moyen de vous intégrer, ce sera juste plus contraignant. Et pourquoi toujours faire plus compliqué ! ! ! !
D’autres part, comme vous le verrez par la suite l’entourage de votre personnage a plus d’importance dans Théorem que dans la majorité des autres jeux de rôles.
Dans la plupart des cas, vous devrez donc définir pour votre personnage : un travail, des amis, une famille, etc…
Une fois tout cela déterminé, vous pouvez enfin, sombrer dans le numérique des caractéristiques.
b) les sphères:
Les sphères sont au nombre de 3. Elles définissent l’essence même de votre personnage, ses composantes existentielles, d’un point de vue presque philosophique. Ainsi, dans Théorem, tout être se compose de trois sphères que sont : Animalité, Humanité, et Divinité.
Ce sont-elles qui définissent le mieux votre personnage, en dehors de toutes ses connaissances ! C’est votre personnage à l’état pur, sa façon de se comporter, de vivre : d’être ! Au fur et à mesure de son existence (du jeu) ces sphères évolueront afin de coller au mieux à son moi profond.
L’animalité : C’est la Bête qui vit au plus profond de chacun de nous. Ce vieux relent de notre existence passée dans les grottes, ce qu’il y a de plus brutal au fond de nous. Un personnage utilisera son animalité dans toutes actions mettant en jeu la brutalité, l’instinct, les sensations, tout ce qui peut être du domaine de l’animal et du primaire. C’est un état de conscience très basique mais pourtant encore très présent dans l’être humain. Une sphère animale élevée traduira une personne instinctive, emportée, et un rien rustre. Au contraire, une personne avec une sphère animale atrophiée sera un peu froide et détachée.
L’humanité : C’est l’homme tel qu’il est depuis quelques décennies, et tel qu’il sera encore pendant longtemps. C’est le contact avec le monde qui nous entoure, notre relationnel et notre civisme. Un personnage utilisera son humanité dans chaque action qui met en jeu le monde actuel et ses mœurs : conduire une voiture, utiliser une arme à feu ou un ordinateur, mais aussi lire, écrire, avoir une discussion suivie, analyser des données. C’est la sphère qui est en général la plus développée chez l’être humain, et pour cause : c’est elle qui permet d’être le mieux intégré parmi les siens. Avoir un haut niveau dans cette sphère donnera un personnage élevé socialement ou en tout cas entretenant d’excellents rapports avec le monde qui l’entoure. Il sera particulièrement bien intégré dans son époque, et sera justement un peu trop basique pour avoir conscience de la globalité du monde dans lequel il évolue. Au contraire, avoir une sphère d’humanité basse fera de lui un véritable paria de la société, un original mal intégré cherchant sûrement son salut dans d’autre niveau de conscience.
La divinité : C’est ce vers quoi l’homme tend. L’aboutissement de l’humanité, ce vers quoi l’aurait destiné un dieu à sa création. C’est la capacité à résoudre les mystères qui nous entourent, à voir plus loin que le bout de son nez, à philosopher, prévoir, prédire et faire preuve de facultés insoupçonnées pour un simple humain. Un personnage utilisera sa divinité dans toutes actions mettant en jeu une réflexion irrationnelle, particulièrement développée, voir carrément novatrice. La divinité sert aussi à utiliser la magie et tous dons extraordinaires. Une personne ayant une sphère de divinité particulièrement élevée aura tendance à être détaché, obscure et parfois assez mal intégré, tout en comprenant parfaitement le monde qui l’entoure. Au contraire, une personne ayant une sphère de divinité très faible sera d’un pragmatisme à toutes épreuves, voir proche du sophisme.
Les valeurs de ces sphères pour un être humain normal ne dépassent pas 5. Bien entendu, nombreuses créatures dépassent de beaucoup ces valeurs, mais la valeur 10 reste un extrême réservé à des êtres d’exceptions. Par exemple : un 10 en Animalité se réservera à un homme animal, voir à un animal. Un 10 en Humanité traduira un homme extraordinairement bien intégré, véritable composante du système, voir incarnation dudit système, et évidemment un 10 en Divinité sera un score raisonnable pour un dieu ou un démiurge.
Note : Il est déconseillé à la création de permettre à un joueur d’aller jusque 10 dans une sphère. Seule une excellente justification dans le concept pourra le permettre et avec beaucoup de précautions.
Attention : les sphères ne peuvent être négatives ou nulles. En effet, ces sphères sont la formule alchimique délicate de la vie. Les trois ingrédients, même si leurs valeurs importent peu, sont vitaux. Si l’un venait à manquer, la vie s’éteindrait.
La valeur minimum de chaque sphère est donc de 1. Toutefois une sphère à ce score est considérée comme atrophiée et non active. Même si en jeu sa valeur est de 1 point, pour votre personnage c’est comme si sa valeur était de 0. Une sphère commence à influer sur la personnalité de votre personnage à partir d’une valeur de 2.
c) La réalité :
Une fois que les sphères et l’âge ont été définis, le maître Ka doit donner une valeur de points d’existence au personnage.
Les points d’existence : ce sont eux qui déterminent votre capacité à agir sur le monde qui vous entoure. Plus vous en possédez, plus vous êtes réel, et donc plus vous pouvez agir sur la réalité. C’est la valeur la plus importante pour les personnages, puisqu’elle quantifie leur capacité à accomplir des actes extraordinaires, mais également leur capacité à vivre : tout simplement. Ne plus avoir de points d’existence, c’est ne plus être réel. Être une légende, un mythe, ou être simplement mort.
Attention : Le calcul des points d’existence doit être fait par le maître Ka, et les joueurs ne doivent pas en connaître la teneur. Cela afin d’éviter que des joueurs ne fassent leurs personnages qu’en fonction de ce calcul pour avoir le plus de point possible et donc d’être le plus : « bourrin ».
Pour définir le total de points d’existence que se verra attribuer le personnage : il faut d’abord faire le calcul : Divinité-Animalité puis se référer au tableau ci-dessous. La ligne du haut correspond au résultat du calcul, et celle du côté au score d’Humanité.